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Appel à communication « Rires, sourires : l’humour leclézien » Cahier 15

L’œuvre de JMG Le Clézio ne serait-elle vraiment que sérieuse ? La doxa, particulièrement depuis l’attribution du Nobel en 2008, semble le penser. C’est oublier, pourtant, que Le Procès-verbal, publié en 1963, était motivé par un certain « humour » qui a pu faire rire ses lecteurs, ou les faire sourire, hier comme aujourd’hui. C’est oublier peut-être, aussi, que Le Clézio a su manier constamment, selon l’évolution de son écriture romanesque, les procédés proches de « l’humour » afin de représenter un monde, le sien, livré à notre interprétation, partagé entre critique et idéalisme ce qui atteste, comme le souligne Jean-Marc Moura, que « l’humour déplace le sérieux bien plus qu’il ne le contredit ou l’annule. » Écrire que l’œuvre de Le Clézio est habitée par « l’humour » est bien entendu insuffisant : si ses romans comportent certains traits qui provoquent le rire, une émotion, d’autres provoquent le sourire, voire des sourires de natures différentes, reflets d’un processus intellectuel plus complexe, comme le note Pierre Schoentjes. De plus, de nombreuses formes de « l’humour » y sont convoquées : pastiche et parodie d’abord, caricature et satire ensuite et ironies, enfin.

Les contributions, exclusivement en français, pourront porter sur :

  • La généalogie de « l’humour » leclézien : Rimbaud, Lautréamont, Jarry, les Surréalistes, l’« humour noir » d’André Breton…
  • Les formes de « l’humour » littéraire dans l’œuvre de J.-M.G. Le Clézio : pastiche & parodie, satire & caricatures, ironies.
  • Les fonctions et les objets du rire et du sourire dans le roman leclézien
  • Les enjeux de « l’humour » : la portée dénonciatrice de son emploi.
  • L’humour leclézien dans les médias

Les propositions de contributions (200-250 mots, accompagnés d’une bibliographie critique et de la micro biographie de l’auteur) devront parvenir au plus tard le 15 janvier 2021 à cette adresse : cahiersleclezio15@outlook.fr

Coordinateurs : Nicolas Pien et Sara Buekens

Cliquez ici pour voir l’appel complet

ACTUALITE CRITIQUE – ASSOCIATION – Dictionnaire J.M.G. Le Clézio 2020

La version 2020 du Dictionnaire J.M.G. Le Clézio est à présent en ligne (toujours gratuitement) aux éditions Passage(s) !

Découvrez les nouveaux articles de spécialistes internationaux de l’oeuvre leclézienne sur « Le Procès-verbal », « La Guerre », « Zinna », « Le sismographe », « l’île Rodrigues », « Séoul », « Le muralisme », ainsi que de nouvelles traductions d’articles sur « The Prospector », « The Quarantine », « Onitsha, « The Royal College Curepipe », « Hinduism », « Sirandanes » et « Sugar Cane ».

Rachel Bouvet dirige depuis 2018 le Dictionnaire, une initiative de l’Association des Lecteurs de J.M.G. Le Clézio. Pour en savoir plus.

Lien vers le Dictionnaire aux éditions Passage(s)

ACTUALITE – « Greta Thunberg est la grande figure de ce temps » par J.MG. Le Clézio

Membre du Collectif Internation, qui presse l’ONU d’opter pour une autre pensée économique et une façon nouvelle de mesurer la valeur des choses et des hommes, le prix Nobel 2008 adresse une lettre au philosophe Bernard Stiegler, en ouverture de l’essai collectif « Bifurquer », nous vous en parlions la semaine dernière. En voici le texte.

ACTUALITE – Préface de J.M.G. Le Clézio

Président de l’Institut de recherche et d’innovation de Paris, le sociologue Bernard Stiegler publie avec le Collectif Internation « Bifurquer », accompagné d’une lettre-préface de J.M.G. Le Clézio, et d’une postface d’Alain Supiot.

Cet essai propose une analyse des enjeux à la fois scientifique, économique, politique et social, sur les plans les plus divers, des grandes crises sanitaires, climatiques, sociales ou psychiques pour habiter autrement sur terre.

En voici la quatrième de couverture :
« La pandémie qui a paralysé le monde en quelques semaines révèle désormais comme une évidence l’extraordinaire et l’effroyable vulnérabilité de l’actuel « modèle de développement », et la potentielle multiplication de risques systémiques combinés qui s’y accumule. Elle prouve que ce modèle est condamné à mort, et qu’il nous condamnera à mort avec lui, où que nous soyons dans le monde, si nous ne le changeons pas.

Dans l’ouvrage qui suit, est donc posé comme base du travail collectif qui l’a produit que ce modèle destructif de développement atteint ses limites ultimes, et que sa toxicité, de plus en plus massive, manifeste et multidimensionnelle (sanitaire, environnementale, mentale, épistémologique, économique), est engendrée avant tout par le fait que l’économie industrielle actuelle, repose dans tous ses secteurs sur un modèle physique dépassé.

Pour transformer nos sociétés et lutter contre l’entropie – forces de destruction de la biodiversité, du climat, du psychisme – il s’agit d’en reconsidérer complètement les fondements (notamment les bases de notre système économique à la lumière des sciences et de la thermodynamique) et la trajectoire.

Il nous faut urgemment changer de modèle économique et articuler différemment les pratiques locales et macroéconomiques en repensant le territoire et la localité.

Les contributeurs de cet ouvrage proposent également de développer une société contributive avec un revenu éponyme qui revaloriserait tous les métiers du lien.
Ils réinterrogent également la question du travail dans nos sociétés en s’inspirant du colloque « Le travail au XXIe siècle », organisé par Alain Supiot au Collège de France dans le cadre du centenaire de l’OIT (Organisation internationale du travail).

Refondre le droit et la comptabilité des États et des entreprises, repenser la recherche dans l’optique du long terme pour la déconnecter des intérêts privés, reconsidérer dans une optique de partage la révolution numérique… sont également des impératifs dûment développés par des spécialistes de renom. C’est pour établir un diagnostic précis et préconiser une méthode générale afin de sortir de cet état de fait sans droit que le présent ouvrage a été écrit. »

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ARCHIVES – Les pêcheuses d’ormeaux

Gallica BnF a publié le 11 juin une peinture sur papier japonais de Hokusai (1760-1849) représentant les « ama » ou pêcheuses d’ormeaux (à découvrir ici).

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Cette peinture fait partie d’un ensemble remarquable de 24 peintures commandées au maître de la Manga par le chef de la factorerie hollandaise de Deshima de 1823 à 1826. Livrant un aperçu vivant de la société d’Edo, elles retracent aussi l’histoire des influences artistiques entre l’Europe et le Japon.

Rappelez-vous « Tempête » (2015), la novella de J.M.G. Le Clézio illustrait ces pêcheuses d’ormeaux qui plongent en apnée et lancent un cri quand elles sortent la tête hors de l’eau.

« L’image m’évoque les premiers amphibiens apparus à la fin du Dévonien. » disait l’écrivain.

Réécoutez cette interview radiophonique

ACTUALITE – Affaire George Floyd

Un dossier sur J.M.G. Le Clézio est paru le 07 juin dans Nice-Matin et Var-matin consacré au « monde de demain », celui de l’après Covid-19.

A cette occasion, il revient sur l’affaire George Floyd. En se déclarant totalement solidaire des mouvements de protestation qui émaillent les Etats-Unis, dix jours après que cet homme noir a été tué par un policier blanc à Minneapolis, le 25 mai dernier.

« Tout ce qui touche au racisme m’est insupportable. Je condamne absolument », martèle Le Clézio.

« Je suis en soutien total avec les manifestants qui protestent contre cette violence. Les États-Unis sont un pays très étrange. Un pays à balancier où les forces progressistes et rétrogrades, alternativement, accèdent au pouvoir. C’est aussi un pays qui s’est construit, économiquement, sur l’esclavage. Où, de plus, une grande partie de la population n’a pas accès à la parole. Les États-Unis ne sont pas seuls dans ce cas. Mais un événement à la fois terrible et scandaleux vient de s’y produire, qui donne envie de changer le monde. »

Source

ACTUALITE – « Le Clézio, retour au port de l’enfance »

L’enfance, point de départ de notre manière d’habiter le monde ? A 80 ans, J.M.G. Le Clézio, Prix Nobel de littérature 2008, revient sur des souvenirs, heureux et mois heureux, dans son dernier roman, « Chanson Bretonne » (Gallimard, 2020).

J.M.G Le Clézio à Saint-Maloen mai 1999 lors du festival Étonnants Voyageurs
J.M.G Le Clézio à Saint-Maloen mai 1999 lors du festival Étonnants Voyageurs • Crédits : Raphael GAILLARDE / Contributeur – Getty

Pour lui qui, à trois ans et en pleine Seconde Guerre mondiale, a vécu l’enfermement et l’isolement, au moins le confinement dû au Covid-19 portait-il l’espoir d’une fin. J. M. G. Le Clézio, prix Nobel de littérature 2008que nous recevions l’an dernier pour son essai Quinze Causeries en Chine, est notre invité aujourd’hui pour son dernier roman : Chanson bretonne (Gallimard, 2020). Le conte de son enfance bretonne, après la guerre, heureuse, entre la mer et la terre de ses aïeuls. Il est suivi d’une deuxième partie,  L’enfant et la guerre, plus douloureuse cette fois, car centrée sur son enfance à Nice, où sa grand-mère et sa mère, pendant la guerre, les avaient emmenés lui et son frère.  

Je n’aime pas trop ce mot de nostalgie, qui a quelque chose de complaisant : quand on est dans la nostalgie, on est dans une sorte de plaisir douleur. (…) Je préfère l’idée de rêver à ce qu’a été cette enfance durant laquelle je me suis senti entièrement libre de mes mouvements, de mes rêves, de mes pensées.
(J.M.G. Le Clézio)

Deux épisodes marquants de son enfance, qui expliquent peut-être en partie l’écrivain que l’on connaît aujourd’hui. Ainsi les histoires que racontait sa grand-mère, femme courageuse, – conteuse, dit-il, romancière donc- ont-elle inspiré son goût pour la littérature. De même, la rencontre avec la langue bretonne, dont-il déplore la disparition autant que les déformations que la modernité a causées au pays bigouden, est l’occasion, chaque été, de se fondre dans une autre culture et une autre manière de vivre. En même temps que la Bretagne est pour lui une terre familière et familiale, un lieu où sa mère a aimé revenir comme si elle revenait chez elle, y ayant notamment passé sa lune de miel.  

Les guerres ne sont pas des moment de gloire, ce sont des moments d’horreur et de destruction.
(J.M.G. Le Clézio)

(Avec L’enfant et la guerre), j’ai eu envie, peut-être à cause de mon âge, de faire une plongée dans un monde qui précède mon acquisition du langage ; j’ai des souvenirs très forts liés à la guerre : souvenir d’avoir faim, d’avoir froid, d’avoir peur et de ne pas savoir de quoi on a peur, d’être confiné…
(J.M.G. Le Clézio)

S’il déplore la disparition des paysages d’antan, J. M. G. Le Clézio ne s’adonne pas pour autant à la nostalgie, ni à l’idéalisation de la terre perdue. Il n’omet ainsi pas de mentionner la dureté des modes de vie, tout en louant le travail de ces héros de tous les jours qui, par leur lien à cette terre, ont contribué à la survivance de la Bretagne de son enfance. C’est à eux, écrit-il, qu’il dédie cette « chanson bretonne », ce conte.

La Bretagne du temps de mon enfance était un pays très différent du reste de la France, un pays qui avait une force poétique, une création dans un autre, une beauté absolument époustouflante…
(J.M.G. Le Clézio)

Extraits sonores : 

  • Clara Luciani,  » Chanson pour ma vieille » De Béart à Beart(s)
  • Joyce Carol Oates à propos de Paysage perdu (2017)

Ecoutez l’interview de J.M.G. Le Clézio par Olivia Gesbert : Ici

ARCHIVES – Préface par J.M.G. Le Clézio de Chaka

Cet article sur la parution des « Cicatrices de la liberté » de Sébastien Hervieu concernant l’Afrique du Sud (https://www.info-afrique.com/les-cicatrices-de-la-liberte…/…) nous rappelle la préface qu’a signée J.M.G. Le Clézio pour « Chaka. Une épopée bantoue » de Thomas Mofolo, paru en 1940, traduit par V. Ellenberger, et réédité en 2010 chez Gallimard.

Chaka est le livre le plus célèbre de l’écrivain de langue souto, Thomas Mofolo. C’est une épopée inspirée de la vie réelle de Chaka (1786-1828) qui fonda un véritable empire en Afrique australe avant d’être assassiné par ses frères.

Voici ce qu’écrit J.M.G. Le Clézio de ce livre où l’épopée est faite de la naissance d’un peuple :
« L’on entend ici la voix des pasteurs bassoutos, leurs paroles à la fois cérémonieuses et pleines d’humour ; l’on entend la voix des conteurs, des guerriers, des féticheurs, comme autrefois, dans les chansons de geste, la voix des soldats et des ménestrels. Ce livre tragique et violent est aussi un livre d’images, un conte fabuleux, et un document sur la vie du peuple zoulou à la veille de l’arrivée des Oum’loungou, les Hommes Blancs.
C’est bien là la force des grands poèmes épiques. Ils sont à la fois les livres d’un peuple, pleins de la vérité terrestre, et les messages secrets de l’au-delà. Chaka, symbole de la grandeur et de la chute de l’empire zoulou, par son aventure exemplaire nous révèle un autre monde où les vérités essentielles sont encore vivantes. Alors, écoutant cette parole pleine de force, nous reconnaissons notre propre aventure, qui va du réel au magique.»