Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de Littérature en 2008, fête ce lundi 13 avril ses 80 ans. Dans ses veines coule du sang breton, mauricien et anglais.
Pas étonnant que son encre soit elle aussi métissée, que ses romans parlent de toutes les cultures et qu’il partage sa vie aujourd’hui entre Nice où il est né, un village proche de Douarnenez et Paris qu’il aime, sans oublier sa proximité avec l’île Maurice où émigrèrent au XVIIIe siècle ses ancêtres bretons et avec le Maroc, pays d’origine de son épouse. Discret voire secret, Le Clézio s’est toujours tenu à distance du fracas médiatique, ce qui ne l’a jamais empêché d’être à l’écoute du monde.
Le mois dernier, juste avant le confinement, l’écrivain a publié Chanson bretonne, chez Gallimard, un livre dans lequel il évoque son enfance ou plutôt deux périodes précises de celle-ci. La première, qui donne son titre à l’ouvrage, raconte ses étés passés, entre 8 et 14 ans, en Bretagne, « le pays qui m’a apporté le plus d’émotions et de souvenirs » écrit-il. Le versant lumineux de l’enfance sur la terre de ses aïeux.
La Bretagne, terre de bienfait pour l’auteur
Pour ce retour à l’écriture à 80 ans, il confie : « J’ai 80 ans et si je rate ce coche-là, je ne le trouverai plus peut-être dans quelques années. Et parce que ce sont des souvenirs que j’ai de mon temps d’enfance, qui sont très mélangés. Ce sont des souvenirs heureux et malheureux à la fois. Heureux parce que la Bretagne m’a guéri d’une période très difficile de ma vie, elle m’a apporté le bienfait de la nature (…) et surtout de la gentillesse des gens, chez qui nous étions ma famille et moi-même pendant cette période-là », confie l’auteur.
En contrepoint de ces temps heureux, Le Clézio raconte, dans le second texte qui compose son livre, la période précédente, celle des années de la guerre, « la pire des choses qui peut arriver à un enfant » souligne-t-il. Réfugié avec sa mère et sa grand-mère dans l’arrière-pays niçois, le petit Le Clézio échappe de peu à la mort quand une bombe tombe dans le jardin familial. Un choc qui l’ébranle encore aujourd’hui et a orienté toute sa vie en le persuadant que rien n’est jamais acquis définitivement.
« Je suis un écrivain, donc j’ai des travers détestables, je mélange mes souvenirs à ceux des autres à mes lectures (…) Mes souvenirs ne sont pas fiables et n’étant pas fiables, je pense qu’ils s’apparentent davantage au fait de raconter quelque chose (…) C’est la dimension que je voulais donner à ce petit livre, c’est-à-dire qu’il ne soit pas pris pour des mémoires d’enfant, mais pour une imagination à partir de légendes que j’ai reçues d’on-dit, de ce qu’on m’a raconté », résume l’auteur.
Source : Bernard Lehut, « 80 ans de J.M.G. Le Clézio : sa famille, la Bretagne, son inspiration… Il se confie sur RTL », publié le 13.04.20. Lien