Archives mensuelles : avril 2024

Préface de J.M.G. Le Clézio, Portrait du visionnaire Louis Riel

J.M.G. Le Clézio signe la préface du livre de Jean Meyer sur Louis Riel. Prophète du Nouveau Monde (Gallimard, 2024), traduit de l’espagnol (Mexique) par Albert Bensoussan.

Héros, traître, meurtrier, hérétique, martyr, fou, noble sauvage, agent de l’impérialisme yankee, défenseur des droits des Métis et des Indiens, père de la province du Manitoba et même l’un des fondateurs de la Confédération canadienne. Louis Riel était un chef du peuple métis – groupe ethnique d’origine autochtone et européenne – qui a dirigé deux mouvements de résistance contre le gouvernement canadien. Le premier (1869-1870) aboutit à la création de la province du Manitoba dans l’Ouest canadien et le second (1885) mène à un affrontement militaire, seule guerre ayant eu lieu jusqu’à ce jour sur le sol canadien.

Ce conflit, encouragé par sir John Macdonald, Premier ministre du Canada, en plus de coûter la vie à Louis Riel, valut aux Indiens leur enfermement – aux conséquences encore aujourd’hui tragiques – dans des réserves pendant plus de soixante ans. Aucun autre personnage de l’histoire canadienne n’a suscité autant d’écrits que Louis Riel.

Fruit de cinquante années de recherches, l’ouvrage de Jean Meyer consacre la vie de cet homme que J. M. G. Le Clézio nomme « le visionnaire » dans sa préface, celui qui voulait faire du Canada un espace de communion pour les nations.

Préface à feuilleter ici

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Hommage à Emile Kerjean

C’est avec une grande tristesse que nous apprenons le décès de notre ami Emile Kerjean, que nous avions encore rencontré lors de notre rendez-vous à Quimper en 2022. 

Chacune et chacun d’entre nous avait pu alors apprécier son enthousiasme, son comportement chaleureux, sa passion pour la Bretagne, la langue bretonne et l’œuvre de Jean-Marie Le Clézio, particulièrement sensible au cours de la table ronde.

Emile Kerjean était l’auteur de deux livres sur J.M.G. Le Clézio, Le Clézio et la Bretagne et Le Clézio est univers aux éditions Skol Vreizh, une maison d’édition située à Morlaix, dont un compte rendu figure dans le Cahier 8Le Clézio et la philosophie. Il avait rédigé pour le Dictionnaire J.M.G. Le Clézio  deux articles très précis et documentés sur « La Bataille de Saint-Aubin du Cormier » et sur la « langue bretonne ». Et à l’occasion de la sortie de Chanson bretonne de Le Clézio, Emile avait réalisé un pèlerinage sur les divers lieux cités dans le livre, dont il avait rapporté un reportage très vivant et bien illustré qu’il nous a remis.

Depuis qu’il était à la retraite, nous rapporte son ami Tanguy Dohollau, il multipliait des voyages, en particulier à l’île Maurice et à Rodrigues, sur les traces des livres de Le Clézio. Il prenait à chaque fois des notes de ses découvertes dans l’île.  Il en fera une publication à compte d’auteur, Sous le charme de Rodrigues, dans les pas de Le Clézio et d’autres compagnons de route .

Nous adressons nos pensées à sa famille et nous gardons précieusement ces témoignages de son engagement au service de l’oeuvre de Jean-Marie Le Clézio. 

Marina Salles et Tanguy Dohollau auxquels se joignent le bureau et les membres de l’Association des Lecteurs de J.-M.G. Le Clézio

Renouer avec la terre extatique, Justine Feyereisen

Ouvrant un nouveau champ critique à la croisée de la linguistique textuelle et de la philosophie, Renouer avec la terre extatique : Essai de sensopoétique chez J.M.G. Le Clézio de Justine Feyereisen (Classiques Garnier, 2024) propose de raviver le pouvoir incantatoire de la littérature par une poétique des sens – une sensopoétique – depuis l’oeuvre intermédiale de J.M.G. Le Clézio.

Accompagné d’une préface de Dénètem Touam Bona

Quatrième de couverture : Comment écrire le vivant par-delà l’Occident moderne ? Comment retisser des liens entre sensations, éthique et action ? Comment témoigner des trajectoires de vies indésirables ? Comment rendre sensible ? Ouvrant un nouveau champ critique à la croisée de la linguistique textuelle et de la philosophie, cet essai propose de raviver le pouvoir incantatoire de la littérature par une poétique des sens – une sensopoétique – depuis l’œuvre de J.M.G. Le Clézio. Initiant à l’extase matérialiste, les sens y agissent comme un prisme « dé-scriptif » des mouvements, des formes et des idées de l’époque contemporaine en vue d’une pensée poétique concrète, chargée de la sédimentation du temps et de son limon d’espoir.

Justine Feyereisen est docteure en langue et littérature françaises de l’université libre de Bruxelles et de l’université de Grenoble. Elle a mené des projets de recherche à l’université de Berkeley, l’université d’Oxford et l’université de Gand. Autrice d’une trentaine d’articles, elle est aussi présidente de l’Association des lecteurs de Le Clézio et co-rédactrice en chef des Cahiers Le Clézio.

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Table des matières

Annonce sur Fabula

Le Clézio à Maurice, un plaidoyer pour la lecture

Lire, une anthologie internationale est un recueil de 18 textes réunis par Issa Asgarally comme autant de plaidoyers en faveur de la lecture, signés Ananda Devi, Priya Hein, Sudhir Hazareesingh, Tahar Ben Jelloun, entre autres. Le texte de J.M.G. Le Clézio raconte son « premier souvenir de liberté (…) dans le couloir de l’appartement de ma grand-mère, lorsque j’ai découvert, à l’âge de huit ou neuf ans, sur le rayon le plus bas de sa bibliothèque, une collection de livres anciens, reliés en cuir marronnasse, dix-sept volumes du Dictionnaire de la Conversation ».

Une lecture scénique de passages des textes extraits de l’anthologie, par de talentueux comédiens dont Vinesha Bissoondeeal, Jérôme & Géraldine Boulle, Jean-Claude Catheya et Sharvesh Kemraz, a eu lieu à Maurice le 26 mars 2024. Organisée par Issa Asgarally, cette performance s’est faite en présence de J.M.G Le Clézio.

Dans l’île pour une série d’activités, à chaque prise de parole, Le Clézio défend la nécessité de lire et d’en donner le goût à la jeunesse. Incitant les parents à adopter des « techniques de combat » contre « la violence de l’instant » déversée par le flot ininterrompu d’images en ligne qui font écran à la réflexion. L’écrivain a raconté qu’à sa première visite à Maurice « quand j’ai vu des jeunes qui faisaient la queue devant la bibliothèque Carnegie, j’ai été absolument bouleversé. Je ne me souviens pas des paysages, je ne me souviens pas des plages, je ne me souviens pas des scènes pittoresques et exotiques mais je me souviens de la bibliothèque Carnegie ». Il a également partagé qu’il avait été « ému aux larmes » par un enfant mauricien de sept-huit ans qui « serrait le livre qu’on lui avait donné comme si c’était un trésor. Je me suis dit, voilà un livre qui va vivre ». Il recommande des auteurs, tous pays, toutes époques, tous genres confondus, à la recherche de « la lumière de la lucidité qui brille entre les lignes ». Dans son texte Se connaître, se reconnaître, il affirme « que grâce à la littérature, nous avons des voix multiples pour lutter contre ceux qui malgré les enseignements de l’Histoire tentent aujourd’hui de revêtir les loques trouées du racisme et de la xénophobie ».

En outre, J.M.G. Le Clézio espère, « comme tout le monde, que Maurice puisse exercer pleinement sa souveraineté sur l’archipel des Chagos et que les enfants puissent faire le voyage facilement pour aller voir le pays de leurs ancêtres ». Souhait formulé, samedi, lors d’une rencontre avec une quarantaine d’enfants dont vingt-cinq Chagossiens, au Centre chagossien, à Pointe-aux-Sables, en présence de leurs proches, d’Olivier Bancoult, leader du Groupe Réfugiés Chagos et du couple Asgarally. Une initiative de la Formation pour l’Interculturel et la Paix (FIP). Parlant de la portée des livres, il dit : « J’écris des livres. C’est comme la musique. Cela fait partie de la culture ». Jean-Marie Le Clézio leur a partagé son amour pour les histoires qui mettent en scène les enfants parce que, poursuit-il, « ils ont quelque chose à donner. Ils ont une vérité très forte. Ils ont la force de faire comprendre ce que les adultes ne sont pas capables de dire parfois. Je suis content d’être là, avec vous. J’espère vous revoir dans votre présentation future ».

Oeuvres citées par J.M.G. Le Clézio :

 La Ballade de la geôle de Reading d’Oscar Wilde

 Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde

 Rhapsodie de l’ère littéraire de Hu Shi

 Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman

 Automne allemand de Stig Dagerman

 Les 144 quatrains d’Omar Khayyam

 Poèmes de Djalal ad-Din Rumi

 Poèmes du moine japonais Ryôkan

 Textes de Malcolm de Chazal

 La route de sampo de Hwang Sok-yong

 Monsieur Han de Hwang Sok-yong

 La Vie rêvée des plantes de Lee Seung-U

 Textes de Mo Yan, prix Nobel de littérature 2012

 Œuvre d’Aimé Césaire

 Œuvre de Frantz Fanon

 Œuvre de Maryse Condé

 Le venin du papillon d’Anna Moï

 Textes du Mexicain Juan Rulfo

 Romans du péruvien José Maria Alguedas

 Textes de la calédonienne Déwé Gorodé

 Œuvre de Marcel Cabon

 Pleure, ô pays bien-aimé d’Alan Paton

 En attendant le vote des bêtes sauvages d’Ahmadou Kourouma

 Textes d’Abdourahman Waberi

 Œuvre de Ken Saro-Wiwa

 Al Capone le Malien de Sami Tchak

 Le silence des dieux de Yahia Belaskri

 Œuvre de la Sénégalaise Aminata Sow Fall

 Textes de la Nigériane Chimamanda Ngozi Adiche

 Textes de la Camerounaise Leonora Miano

 Textes de la Kenyane Grace Ogot

Discours de J.M.G. Le Clézio à l’occasion du lancement de Lire, une anthologie internationale : disponible ici

A propos de la visite au Centre chagossien

Article de L’Express Mu

Article du Mauricien